Il y a quelques temps, au gré des onglets de mon navigateur Internet, j’ai découvert le site Ça commence par moi, l’initiative de Julien qui, pendant 365 jours, a décidé d’améliorer son empreinte carbone au rythme d’une action écocitoyenne par jour. Pour ma part, je suis très sensible à ces problématiques, et je me documente beaucoup à ce sujet… Et je me suis dit que cela allait forcément t’intéresser, puisque Julien parvient à réduire son impact sur la planète ET à économiser de l’argent. J’ai donc posé quelques questions à Julien, et voici ses réponses !
1/ Bonjour Julien ! Peux-tu te présenter à mes lecteurs ?
Je suis grenoblois, j’ai 33 ans et j’ai créé le projet « Ça Commence Par Moi ». Je suis l’ainé d’une famille de 3 frères. J’adore le contact avec la nature, que ce soit en randonnée ou en faisant du voilier. Je crois que c’est d’ailleurs cette proximité à la nature qui m’a permis de mesurer à quel point celle-ci se dégradait au cours des 20 dernières années. C’est assez incroyable de voir les glaciers reculer chaque été un peu plus et de voir les fonds marins complètement recouverts de détritus.
2/ Comment t’es venue l’idée de Ça commence par moi ?
Très préoccupé par la cause environnementale, je me suis demandé comment faire. Est-ce que je devais nécessairement changer de boulot ? Ou est-ce que je devais peut-être juste changer mon quotidien ? A mon retour en France, après 7 ans de volontariat international en entreprise (VIE) en Colombie et aux Philippines, j’ai été surpris du nombre d’initiatives et d’opportunités d’agir qui avaient fleuri : les AMAP (paniers de fruits et légumes hebdomadaires préparés par des producteurs locaux), les supermarchés coopératifs, les défis du type « Février sans supermarché », etc.
Et donc, à 31 ans, pour mettre en cohérence mes valeurs et mes actes, je me suis dit « allez, ça commence par toi ». Je me suis alors fixé un challenge de 365 actions en un an pour être ambitieux dans mon changement. Du 1er septembre 2016 au 31 août 2017, j’appliquais une nouvelle action écocitoyenne chaque jour que j’adoptais dans mon quotidien. Aujourd’hui, j’ai gardé environ 90% de ces nouvelles habitudes.
3/ Peux-tu nous présenter le concept?
Ça commence par moi, c’est l’envie de dire qu’on a tous un rôle à jouer pour faire pencher la balance du côté qui nous intéresse. Le hic, c’est que parfois, entre l’envie et le passage à l’action, il y un écart difficile à franchir. Pour réussir à vraiment changer mes habitudes, je me suis fixé le challenge d’adopter une action écocitoyenne tous les jours pendant un an. Et j’ai raconté cette expérience sur internet.
Je voulais donner une réponse à tous ceux qui disent « oui mais… ça prend du temps, ça coûte plus cher, c’est compliqué, frustrant, ça ne sert à rien, etc. ». A tous ces freins au passage à l’action, j’ai aujourd’hui une réponse expérimentée.
A ceux qui pensent que cela prend trop de temps, je réponds que 200 des initiatives que j’ai testées m’ont pris moins de 10 minutes. A ceux qui pensent que cela coûte plus cher, je réponds qu’au contraire cela m’a permis de faire des économies car j’ai dépensé environ 300 € de moins par mois. Et ce qui est bien, c’est que tout le monde peut le faire. Je n’étais pas particulièrement spécialiste de ces questions. On peut tous devenir acteur d’un demain meilleur !
Et le résultat est là. J’ai divisé par 10 la taille de ma poubelle, par 6 ma consommation d’eau. J’ai réduit par 5 mon empreinte carbone en passant de 10 tonnes de Co2 par an à 2 tonnes. Ndlr : tu peux calculer ton empreinte carbone sur le site Global footprint network.
Même si c’est dérisoire face à l’urgence climatique et qu’il faudra des décisions politiques et économiques globales pour répondre à cet enjeu de taille, c’est loin d’être négligeable. Cela permet surtout de montrer ce que l’on peut faire à notre échelle. Et que ce n’est pas punitif, bien au contraire ! Je n’ai jamais été aussi heureux que depuis que je vis de cette manière.
4/ Beaucoup pensent (à tort) que c’est au gouvernement et aux grandes entreprises de faire bouger les choses. Je pense que tout le monde a sa part à jouer. Qu’en penses-tu ?
En ce moment, j’entends beaucoup que les petits pas ne fonctionnent pas. Ça me hérisse ! Parce que par petits pas, on comprend éteindre la lumière et couper l’eau quand on se brosse les dents. Et, je trouve que c’est paresseux de les limiter à ça.
Effectivement, les petits pas sont des petits gestes. Mais plus on avance, et plus ça aboutit à de plus grands pas. Éteindre la lumière, ça déclenche des tas des choses : passer chez Enercoop, déposer son argent au Crédit Coopératif, préférer voyager en France ou devenir végétarien. Mis bout à bout, ces pas m’ont permis de diviser par 5 mon empreinte carbone et par 10 la taille de ma poubelle.
Ceci étant dit, il est vrai que face aux 100 entreprises les plus polluantes qui sont responsables de 70% d’émissions de CO2 dans le monde chaque année, nous ne sommes qu’une goutte d’eau. Ça donne l’impression d’une opposition de David face à Goliath.
Finalement, je me demande si nous ne nous trompons pas de question quand nous comparons action individuelle versus action collective. Car agir à son échelle citoyenne, oui ça permet (un petit peu) de réduire son empreinte écologique. Mais ça donne surtout la possibilité d’expérimenter l’écocitoyenneté dans sa vie de tous les jours, de comprendre son rôle, de cerner ses limites, de chercher ses passions. Pour être suffisamment droit dans ses baskets, pour savoir ce que chacun d’entre-nous peut ensuite apporter dans le pot commun, pour contribuer à la lutte contre le dérèglement climatique.
Car cette bataille n’est pas un sprint mais un marathon. Et il va falloir être sacrément solide pour inverser la tendance en entraînant avec nous les gouvernements et les grandes entreprises qui sont, pour l’instant, encore à des années lumières d’assumer leurs responsabilités en la matière.
5/ Rentrons dans le vif du sujet. Quelles sont selon toi les 5 actions que n’importe qui d’entre nous pouvons mettre en place pour réduire notre empreinte écologique ?
Je pense qu’il vaut mieux commencer par ce qui nous plaît, nos hobbies, nos passions. Si une personne est accro au shopping, elle peut découvrir les friperies par exemple et ainsi faire des économies et en même temps lutter contre la surconsommation. Si c’est une personne qui aime les technologies, elle peut installer Ecosia pour planter des arbres à chaque recherche sur le web…
Garder la notion de plaisir et la lier à l’écocitoyenneté me semble important pour évoluer, progressivement. Aujourd’hui, on a la possibilité de trouver du sens et de la légitimité dans ce que nous faisons. On a la possibilité de réinventer notre manière de vivre ensemble tout en préservant le vivant dans sa globalité. La vie est courte et doit être heureuse. Il ne nous reste donc plus qu’à passer à l’action.
Si je devais quand même donner 5 actions pour s’y mettre :
1 – Je commencerais par coller un stop pub sur la boîte aux lettres.
2 – Je supprimerais les spams de ma boîte mail grâce à Cleanfox.
3 – J’installerais Ecosia comme moteur de recherche internet.
4 – Je changerais de fournisseur d’électricité pour m’approvisionner en électricité verte.
5 – Je passerais au moins un jour par semaine sans manger de viande.
6/ Mes lecteurs sont ici pour économiser et gagner de l’argent. Que peux-tu leur recommander pour qu’ils puissent à la fois améliorer leur comportement environnemental et également réduire leurs dépenses ? Des actions concrètes mais aussi des comportements de tous les jours.
C’est vrai que changer le monde ne coûte pas forcément plus cher. Au contraire même ! Car réduire son empreinte carbone peut également entraîner une réduction des dépenses.
J’estime à plus de 300 euros par mois les économies que je fais en ayant changé mes habitudes ! Des économies d’énergie (eau, électricité, gaz) mais également une réduction de mes dépenses sur des postes importants comme les transports ou l’achat d’objets pour la maison.
Je voyage différemment aussi en privilégiant les vacances en France plutôt que de prendre l’avion à chaque fois. Et ça, forcément, c’est des dépenses en moins.
Plus largement, la démarche Ça commence par moi s’incarne dans la maxime « moins mais mieux » ! Du coup, plutôt que de privilégier la quantité incarnée par la surconsommation classique à laquelle nous nous adonnons habituellement, je préfère la qualité grâce à des objets « Made in France » ou aussi des classiques plus intemporels et souvent plus solides.
Et puis, acheter de la qualité n’est pas forcément plus cher grâce au reconditionnement, à l’occasion, ou même au troc et au don qui permettent d’accéder à de beaux produits en préservant son porte-monnaie. Car dès qu’on se met à agir pour la planète, on se rend compte que c’est tout un cercle vertueux qui se met en place.
Lire cet article jusqu’au bout n’est que le premier pas. Maintenant, c’est à chacun de nous de prendre action pour notre planète. Même une petite action, ça fera déjà la différence. Des plus de 400 initiatives que Julien a testées, plus de 200 prennent moins de 10 minutes. Pour en savoir plus, je te recommande le livre Ça commence par moi de Julien.
18 février 2019
Bonjour, merci pour cet article très positif et constructif.
Ça fait toujours plaisir, à la lecture des conseils prodigué, de se rendre compte qu’on est dans le vrai et dans la bonne dynamique 🙂
25 février 2019
Merci à toi Amélie de l’avoir lu et d’être déjà dans la bonne dynamique…