Quand Baptiste, lecteur du blog ABC Argent (tout comme toi), m’a contacté pour me parler de BonjourCopain, j’ai tout de suite pensé que ça ferait une interview intéressante. Et pour plusieurs raisons ! D’abord, parce que l’expérience de Baptiste montre qu’il est possible d’entreprendre, de faire qu’une idée devienne un projet puis un vrai produit ou service. Et aussi, parce que BonjourCopain est un nouveau service de l’économie collaborative qui peut te permettre soit de gagner de l’argent, soit d’économiser, et tout ça, avec l’odeur du bon pain !
Je t’ai mis l’eau à la bouche ? Alors allons-y !
Bonjour Baptiste, bienvenue sur le blog ! Peux-tu te présenter ?
Bonjour Nicolas, j’ai 25 ans, je suis ingénieur informatique de formation, originaire des Hauts-de-France et co-fondateur de BonjourCopain.
Le terme qui me décrit le mieux actuellement est digital nomad et slasher. Pour ceux qui n’ont jamais croisé ces anglicismes, le premier signifie tout simplement que je peux exercer mon activité dans le domaine du numérique (digital) à distance, de n’importe où (nomad). Il me suffit d’avoir tout simplement mon ordinateur et un accès à internet.
Le second (slasher) signifie que je cumule plusieurs activités. En ce qui me concerne, je suis spécialisé dans le développement d’applications mobiles.
Parle-nous de BonjourCopain. De quoi s’agit-il ? Quel est le concept ?
BonjourCopain est une plateforme de mise en relation de particuliers qui se rendent des services de livraisons de pain. Pour donner une compréhension rapide à tes lecteurs, c’est le BlaBlaCar des boulangeries : nous traitons le sujet de la livraison collaborative de pain.
C’est très simple, tu as d’un côté le Copain Courageux et de l’autre le Copain Gourmet. Le Copain Courageux choisit ses boulangeries favorites, et horaires/jours de passage pour proposer ses services. Quant à lui, le Copain Gourmet souhaite se faire livrer ses bons produits par un Copain Courageux. Il demande des services parmi ceux proposés par les Copains Courageux proches de lui.
Bien que nous avons déjà plus de 30 000 boulangeries présentes dans l’application, c’est grâce à la communauté que ce modèle peut se développer en saisissant notamment les prix des produits des boulangeries. Les boulangers peuvent également participer, ils ont un outil à leur disposition, afin d’augmenter leur zone de chalandise mais pas que ! C’est totalement gratuit et cela permet d’accélérer le déploiement.
Le pain fait parti intégrante de notre identité et cela se retrouve dans l’appellation BonjourCopain. Bonjour, c’est une formule de politesse évidente lorsque nous parlons d’entraide. Et sais-tu que le mot copain, étymologiquement, provient du latin cum panem qui signifie « avec le pain » ? Au fil du temps, cum panem est devenu companio : « celui avec lequel on partage le pain ». De nos jours, copain reste celui avec qui nous partageons le pain du goûter de notre enfance.
Comment t’es venue l’idée ?
Après une première expérience dans une ESN (entreprise de services du numérique, anciennement SSII) lors de ma dernière année d’études en alternance au sein d’un écosystème innovant (EuraTechnologies à Lille), l’idée d’entreprendre de manière concrète me trottait de plus en plus dans la tête.
En errant proche de l’incubateur de startups, j’ai fait la rencontre de Frédéric. Nous avons échangé, il m’a présenté son projet, l’idée m’a séduit et nous avons décidé d’associer nos compétences complémentaires pour avancer ensemble.
Pourquoi ça peut intéresser mes lecteurs ?
Parce que c’est une idée (originale) de plus pour se faire un petit pécule !
Si tu te rends à la boulangerie, pourquoi ne pas récolter quelques gains au passage ? Ça ne mange pas de pain ! 🙂 Et outre le petit plus financier, ça permet de faire de bonnes actions à différents niveaux.
N’importe qui peut devenir Copain ?
Bien sûr, c’est très simple. Il suffit de télécharger l’application sur l’AppStore ou Google Play. L’inscription/connexion ne prend que quelques secondes afin d’émerveiller rapidement les papilles.
Et ensuite, il ne faut surtout pas hésiter à en parler autour de soi. Nous devons créer pleins de petits maillons pour faire de belles choses ensemble. Chez BonjourCopain, nous récompensons toutes les personnes qui nous aident à porter ces belles valeurs.
Peux-tu nous parler un peu de l’impact écologique et social de Bonjour Copain ? Les valeurs que vous défendez ?
BonjourCopain permet de :
- Mutualiser les déplacements (et c’est bon pour la planète !)
- Gagner du temps (et le temps, c’est de l’argent)
- Économiser des euros au quotidien
- Tisser du lien social en allant à la rencontre de ses voisins
Chez BonjourCopain, nous défendons l’artisanat et mettons en valeur le travail de nos artisans-boulangers. Nous sommes d’ailleurs conventionnés par la CMA (Chambre des Métiers et de l’Artisanat). Nous souhaitons que chacun puisse consommer des bons produits de boulangerie.
Si tu utilises la voiture pour te rendre à la boulangerie près de chez toi, ça te coûte plus cher que de demander un service sur BonjourCopain. BonjourCopain te permet donc d’économiser à la fois du temps et de l’essence, et donc de l’argent.
Comment sont rémunérés les Copains ? A quel revenu moyen peuvent-ils s’attendre ?
Le Copain Courageux obtient un bénéfice de 20% du panier + 90% du montant du pourboire éventuel, dès la livraison effectuée (en plus du remboursement du total des produits avancés en boulangerie bien sûr). Les gains sont intégrés automatiquement dans le Gagne-Pain du Copain (cagnotte interne à l’application). Il peut donc utiliser ses euros pour demander des services ou demander un paiement directement dans l’application.
Concernant le Copain Gourmet, nous prenons une commission de 30% sur le panier (20% pour le Copain Courageux et 10% pour la plateforme) et 10% sur le pourboire.
Par exemple, pour une baguette à 1€ sans pourboire, le Copain Gourmet dépensera 1,30€ livraison comprise. En plus de récolter des sourires, le bénéfice du Copain Courageux s’élèvera à 0,20€. Si le nombre de produits par commande et/ou le nombre de Copains à livrer augmentent, ça paie largement les viennoiseries pour la famille.
Le concept s’applique aussi bien pour la pause repas au travail. Si par exemple, tu es Courageux et tu prends les sandwichs pour 3 collègues. La formule sandwich + boisson de la boulangerie est à 6€ et tes collègues ajoutent un pourboire de 1€. Résultat : tu manges gratuitement et tu te fais même un petit bénéfice puisque tu gagnes 6,30€ pour rendre ce service.
Que ce soit pour un usage personnel, au travail, occasionnel ou récurrent, le Copain peut se faire payer sa baguette, ses viennoiseries ou même récolter plusieurs dizaines voire centaines d’euros par mois pour les plus Courageux. Et le gros plus, c’est que c’est sur ta route. Tu te rendais à la boulangerie de toute manière. Tu n’as donc rien à perdre mais tout à y gagner !
La demande est-elle forte ? J’imagine que dans un petit village, ce sera plus compliqué de trouver des Copains Gourmets ?
Afin de tester et affiner notre modèle, nous avons concentré nos efforts sur Amiens lors de la première version de l’application. En seulement quelques jours, nous avions dépassé le cap des 1000 utilisateurs amiénois.
Cependant, nous avions beaucoup de Copains Gourmets mais peu de Copains Courageux pour prendre en charge les services. L’application était en effet trop tournée dans le sens d’un Uber Eats/Deliveroo et pas assez comme un modèle BlablaCar avec une entraide communautaire flexible.
Alors, pour équilibrer l’offre et la demande, on a complètement repensé l’application avec de nombreuses nouveautés. La version 2 est fonctionnelle au niveau national et même international puisque nous avons déjà quelques Copains Belges.
Mon conseil si tu es dans un petit village avec peu ou aucun Copain, c’est de ne pas hésiter à parler du concept autour de toi : tes amis, tes voisins, ton boulanger. Et sois Courageux pour initier ce maillon local autour de chez toi ! Aussi, pense au pourboire. Si l’offre est faible, ça motivera beaucoup plus les Courageux à faire quelques pas supplémentaires s’il y a un petit bonus.
Parlons un peu d’entrepreneuriat. C’est ta première expérience ?
Depuis mon plus jeune âge, je suis un fervent actif dans la communauté du Web rémunéré. Inutile de préciser que je suis lecteur d’ABC Argent depuis de nombreuses années. 🙂
Une fois les études finies, j’avais enfin le champ libre pour essayer des choses. Ma première (réelle) tentative entrepreneuriale, c’était quand, jeune diplômé, j’ai été sélectionné avec un ami pour participer au programme d’incubation Start d’EuraTechnologies.
Notre projet était d’abord de proposer une application de suivi des élèves pour les coachs sportifs indépendants. Après avoir sondé notre public cible et une autre belle rencontre, nous nous sommes rendus compte que la nutrition préoccupait plus de monde que les exercices sportifs… Nous avons pivoté pour nous intéresser aux salariés sur le temps du midi : manger mieux et bouger plus.
Pour des raisons personnelles au sein de l’équipe, nous avons stoppé l’aventure et c’est à ce moment que j’ai fait la rencontre de l’autre co-fondateur de BonjourCopain.
Penses-tu que tout le monde peut entreprendre ?
Toute personne motivée qui s’en donne les moyens, définitivement OUI. Pouvoir et vouloir sont deux choses bien distinctes.
Aujourd’hui, il est plus simple et plus rapide d’entreprendre qu’auparavant puisque beaucoup de personnes ont pris le même chemin que nous, sans compter sur la toile qui regorge de ressources. Et nous avons même la chance d’avoir des organismes qui sont là pour nous épauler si besoin.
Je suis sûr que mes lecteurs ont des projets, des idées mais n’osent pas se lancer. Que leur dirais-tu ?
Je leur dis d’y aller et de tester rapidement l’adhésion de leur public cible à leur idée.
Si tu es introverti, tu peux tester ton idée via les réseaux sociaux ou par email avec des sondages, etc.
N’hésite pas à parler de ton idée de manière brève pour avoir des retours, te rendre compte si ça vaut la peine d’investir ton temps sur celle-ci ou de faire un pivot. Bien souvent, la vision que nous avons de notre idée n’est pas forcément idéale pour les autres. C’est totalement normal, il suffit d’ajuster son modèle, de pivoter. Le plus important, c’est de sonder, pivoter, faire adhérer et de ne pas avoir peur d’y aller.
J’ai tendance à dire que rien n’est impossible et surtout, quand on veut on peut ! Après tout, qu’as-tu à perdre ? Et à gagner ? Quid des regrets plus tard si tu n’as même pas essayé ?
Je suis (seulement maintenant) en train de lire l’excellent livre de Timothy Ferriss que je recommande pour avoir des retours d’expériences et faire le plein de motivation : La semaine de 4 heures.
Quelles erreurs as-tu faites… et comment les éviter ?
- Ne pas s’entourer des bonnes personnes. Quand une idée demande différentes compétences ou que le projet est trop énergivore, il est nécessaire d’être bien entouré. Les meilleurs partenaires ne sont pas forcément les meilleurs amis. Il faut juger l’autre d’un point de vue professionnel mais aussi humain, c’est une aventure où l’on n’est plus seul.
- Ne pas se donner suffisamment les moyens. « C’est compliqué, ça ne vaut peut-être pas le coup, je perds mon temps, je ne gagnerais jamais beaucoup même si l’idée plait, je ne sais pas comment créer et gérer une entreprise, je dois encore payer quelques euros, n’est-ce pas de l’argent jeté par la fenêtre etc ? ». Ce sont des questions légitimes que tu dois surpasser. C’est très facile d’abandonner, mais ne lâche jamais sans avoir atteint ton objectif.
- La crainte de parler de son idée pour ne pas « se la faire voler ». On peut beaucoup apprendre à en parler au quotidien, s’entraîner à pitcher sur un format court (30 secondes, 1 minute) pour commencer.
Tu me disais que BonjourCopain était un sideproject. Comment tu fais pour dégager du temps pour ce projet, en plus de ton travail, de ta vie perso… ?
Après mes études, je me suis lancé tête baissée dans le développement de BonjourCopain. Je suis passé par des périodes compliquées. D’un point de vue perso, ça n’était pas au beau fixe. Je me suis même expatrié plus d’un an en Pologne afin d’économiser, mieux me former pour les enjeux techniques du projet et sortir le prototype / première version de l’application.
Ça m’a demandé beaucoup d’efforts, de travail et je n’avais plus vraiment de vie si je puis dire. J’étais bien loin d’une journée de 8h de travail… mais j’ai tenu et comme on dit, les efforts paient toujours !
Une fois la première version sur les rails, l’équipe s’est agrandie et nous avons constitué la société. De mon côté, je me suis lancé en freelance afin de pouvoir tenir financièrement tout en conservant une flexibilité pour continuer de m’investir pleinement.
Dans la vie, il y a des hauts et des bas. Chacun doit faire les choix et concessions qui lui semblent les plus adaptés. Il n’y a pas de chemin magique à suivre qui soit identique pour chacun. Le tout, c’est de se donner les moyens, garder la tête haute et continuer à grimper pour atteindre son sommet. Et souviens-toi, si tu es en bas, ça signifie que tu seras bien plus haut très rapidement !
Entreprendre, ça n’est pas un long fleuve tranquille mais c’est une belle aventure. C’est formateur et tu vas apprendre beaucoup de toi-même.
Pour terminer, mes lecteurs ne pensaient probablement pas qu’ils pouvaient se faire un petit complément de revenu en livrant du pain. Quel conseil leur donnerais-tu pour trouver des personnes à livrer dans leur village ou leur quartier ?
BonjourCopain est un modèle communautaire. Pour que ça fonctionne, il faut que chacun soit acteur et aide au démarrage d’un maillon proche de chez soi. Il y a plusieurs manières d’agir :
- En parler à ses voisins pour qu’ils installent l’application.
- Référencer les produits de sa boulangerie pour attirer des Copains.
- Commencer par être soi-même Courageux et mettre en place un roulement avec son entourage. Ça permet également d’annuler en partie les frais de service et on oublie les comptes d’apothicaire et problèmes qui peuvent se créer.
- S’il y a une bonne entente avec le boulanger, lui parler tout simplement de BonjourCopain. C’est totalement gratuit pour lui, il peut référencer ses produits sur son espace boulanger afin d’accélérer le processus sans oublier d’en parler à sa clientèle
Afin de lever une belle communauté, il faut que l’entraide soit présente à plusieurs niveaux. Nous sommes bien sûr à l’écoute et ce sera avec plaisir que je répondrai personnellement aux messages et remarques des lecteurs d’ABC Argent.
Merci pour cet interview Nicolas et à très vite !
Merci à Baptiste pour cette application intéressante et pour son partage d’expérience.
Et toi, chère lectrice ou lecteur, que penses-tu de BonjourCopain ? Vas-tu l’utiliser pour gagner de l’argent en rendant service aux autres ? Ou pour économiser du temps et de l’argent en te faisant livrer ton pain ? Pour en savoir plus, tu peux aussi aller sur le site web BonjourCopain ou sur leur page Facebook.